jamais et toujours
JAMAIS ET TOUJOURS
Du jamais de la mort, au toujours de l'amour,
Vous êtes mots trop forts, vous êtes mots trop lourds,
Votre excès de présence, votre trop plein d'absence,
Trahissent le besoin, de maîtriser le temps.
Voulus inconsciemment, pour repousser la peur,
Qu'importe le mensonge, que vous portez en vous.
L'homme vous a conçus, bâtis, consolidés
Pour bercer dans ses bras, son besoin de bonheur.
Votre charme est divin, car Dieu est votre allié,
Il sème à toute main, l'espoir de la durée.
Le temps n'est que du sable, et vous êtes ciment.
Et votre alliance est faite, pour combler le néant.
Grâce à vous, grâce à votre pouvoir,
La poussière du temps, légère et impalpable,
Devient apte au toucher, rassurante et présente,
Pour s'offrir immobile, en cadeau au présent.
Du refus de l'oubli, jusqu'au bout de l'espoir,
Vous partagez le temps, sans fin et dérisoire.
Vous savez le cerner, à l'échelle des hommes,
En faisant des remparts, pour retenir le temps.
Comme le balancier des horloges anciennes,
En frappant sans répit la chute des secondes
De son bruit régulier, discret et familier,
Donne à sa fuite même un aspect de présence.
Ce temps qu'aucun de nous, ne veux laisser partir,
A inventer des mots, pour mieux le retenir.
Si cruel qu'il soit, si lourde son empreinte,
A toujours le nier, nous sommes appliqués.
Grâce à ces mots magiques, en définir le tour,
D'un mot bref et facile, en raccourci habile;
Le mieux apprivoiser, lui donner un visage,
Pour mettre hors de l'oubli, tout ce que nous aimons.
Clochers et minarets, donjons de certitudes,
Murailles de paroles, forteresses de mots,
Du haut de vos beffrois, vous surveillez les plaines,
Immenses et inquiétantes, de la fuite du temps.
Vous êtes sentinelles, vous protégez la vie,
Vous portez l'ambition, de nier le mourir,
En chassant devant vous la mort avec des mots.